En tout temps est disponible pour notre cerveau une quantité innombrable de stimuli provenant de l'environnement, mais aussi de l'intérieur de notre corps.
Imaginez que l'enfant sur cette photo est un système nerveux au travail. Les balles représentent les stimuli sensoriels disponibles. Sur cette image, il est bien concentré et repère avec soin les informations sensorielles (les balles jaunes), les plus importantes qu'il devrait traiter dans le moment présent.
Le travail du système nerveux est de filtrer les informations afin que seules les plus importantes à la survie et au fonctionnement dans le moment présent soient traitées. Ce processus de triage et de filtration de l'information qui provient des sens s'appelle la modulation sensorielle.
L'exemple d'Antoine : Antoine est un enfant qui a un processus de modulation efficace. Aujourd'hui il est en classe. En ce moment, Antoine porte un chandail doux avec une étiquette, mais il ne sent pas son contact sur sa peau. Il écoute avec attention les paroles de son enseignant et regarde ce qu'il écrit au tableau. Il y a des tubes fluorescents dans la classe; Antoine ne les a jamais remarqués. Il a une petite faim, mais il n'en est pas conscient. Par ailleurs, il a une envie de pipi croissante, mais n'y porte plus attention. Antoine reste bien assis sur sa chaise; il est calme et semble intéressé. Vingt minutes plus tard, l'envie de pipi est plus pressante et son cerveau commence à la prioriser sur le reste. Ainsi, Antoine écoute maintenant moins son enseignant; il regarde l'heure et s'interroge s'il peut se retenir jusqu'à la récréation ou s'il doit lever la main pour demander la permission d'aller à la salle de bain maintenant. Il s'apprête à prendre sa décision en pesant le pour et le contre des deux options.
Il arrive que pour certaines personnes, ce processus de filtration ne se réalise pas bien.
On parlera alors...
Le sous-type "hyperréactivité sensorielle"
Imaginons un scénario où le cerveau doit porter attention à tout ce qui est disponible pour les sens. Qu'il doivent traiter tout ce qui le touche, incluant les vêtements qui frôlent la peau, la salive dans la bouche, la poussière dans les narines. Et puis, il y a tout ce qui peut être vu, entendu, senti avec le nez, goûté....
Ajoutons à cela, les sensations internes telles que la faim, la fatigue....ainsi que la position du corps dans l'espace via les messages envoyés par muscles, les articulations et le système de traitement du mouvement du corps appelé système vestibulaire (situé dans l'oreille interne).
Que croirez-vous qu’il pourrait se produire ? Effectivement, si le système nerveux récupère toutes les balles et les donne toutes au cerveau, autant lui que le cerveau vont s'épuiser ou surcharger sans compter que "trop c'est comme pas assez"...parmi tout ce qui sera transmis au cerveau, le cerveau pourra difficilement distinguer ce qui est important ne ce qui ne l'est pas.
L'exemple d'Estelle : Estelle est dans la même classe qu'Antoine. Même si la leçon de l'enseignant l'intéresse, Estelle n'arrive pas à y être attentive. Elle est très distraite par ses bas qui descendent et les coutures de ses pantalons neufs qui irritent sa peau. Elle alterne entre couvrir ses yeux, car les tubes fluorescents sont trop brillants et ses oreilles, ayant l'impression que le professeur crie. Elle n'arrive pas à trouver une position confortable sur sa chaise et bouge pour changer le mal de place. Ce soir, et avec raison, elle aura de la difficulté à faire ses devoirs, n'ayant pas compris la leçon et se dira épuisée de sa journée.
Le sous-type "hyporéactivité sensorielle"
Dans la situation de l'hyposensibilité, le système nerveux est comme en dormance..un peu comme lorsqu'on dort...rien n'est transmis au cerveau conscient (pas les draps qui frottent, notre main engourdie ou même l'envie de pipi)... on ne s'en rend pas compte.
L'exemple de Noah : Aussi, dans la même classe, Noah a un niveau d'énergie et de vigilance trop bas. Il est penché sur son bureau avec sa tête appuyée sur sa main. Il semble dans la lune; écoute peu la leçon. Il y a quelques minutes, Noah est même tombé de sa chaise; son cerveau ayant perdu les repères reliés à la position de ses membres les uns par rapport aux autres. Noah a aussi une envie de pipi, beaucoup plus grande que celle d'Antoine, mais il ne s'en rend pas compte; il aura peut-être un accident, son cerveau n'ayant pas porté attention aux messages, pourtant urgents, provenant de sa vessie.
Le sous-type "recherche sensorielle"
Dans certains cas, le cerveau de l'enfant hyposensible s'ennuie...il n'aime pas trop cette absence de information qui ne lui est pas transmise par le système nerveux hyposensible. Ainsi, il se place en mode "recherche sensorielle"...à la recherche de quelque chose d'intéressant.
L'exemple de Sébastien : Comme Noah, Sébastien a aussi un système nerveux qui a tendance à avoir un éveil trop bas. Mais contrairement au cerveau de Noah, le cerveau de Sébastien a décidé qu'il était ennuyant de recevoir insuffisamment de messages de ses sens. Alors, il fait des commandes pour obtenir des stimuli qui pourront le garder éveillé! Il se berce sur sa chaise, manipule ses crayons, mâchouille sa manche de chandail et se lève dès qu'il en perçoit l'opportunité.
D'un côté, cette attitude du cerveau est une bonne chose. Malheureusement, en classe, ce n'est pas aussi fonctionnel que ce le serait, par exemple, à la récréation. Ainsi, malgré un intérêt pour le sujet discuté par l'enseignant, Sébastien est distrait par à peu près tout, incluant ses propres pensées, sauf lorsque l’enseignant élève un peu la voix et que son attention est captée...pour un moment!
Le profil mixte!
Oui c'est possible. Le même enfant peut avoir un profil qui varie. Il peut être parfois efficace, parfois hyperréactif, parfois hyporéactif, parfois en recherche sensorielle. Ces enfants sont très difficiles à dépister puisque le manque de constance de leurs réactions face à des mêmes stimuli confond les adultes. Pour cette raison, il est essentiel de consulter un ergothérapeute lorsqu'un enfant réagit de manière atypique à des stimuli sensoriels, même si ce n'est que parfois.
Il est impératif de ne pas banaliser ce que l'enfant vit ni d'interpréter que l'enfant est capricieux, en recherche d'attention ou opposant afin qu'il puisse bénéficier de validation et des bonnes stratégies d'accompagnement pour assurer son développement et fonctionnement.
Pour plus d'informations sur les troubles de la modulation sensorielle, je t'invite à me retrouver dans le livre :
10 questions sur les hypersensibilités sensorielles (Canada)
10 questions sur les hypersensibilités sensorielles (Europe)
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Josiane 💕
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P.S. C'est la première fois que tu me lis ou m'entends? Je suis une ergothérapeute canadienne avec 20 + d'expérience en pédiatrie et en enseignement de la perspective et des stratégies de l'ergothérapie à l'échelle internationale.
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